Blog des Gumistes
Lettre d'Écosse
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Je pense que nous étions au sommet du Ben Nevis. C'était incontestablement un sommet parce qu'on ne pouvait pas aller plus haut. Et la pancarte en bas au départ du chemin portait « Ben Nevis » avec une flèche. Et la morphologie du terrain aux environs du sommet était vraiment comme sur la carte au 1/25000 de l'Ordnance Survey. Et puis il y avait du monde. En été on n'est jamais seul sur le Ben Nevis.

Nous étions assurément au sommet du Ben Nevis, mais je ne peux pas vous dire à quoi ça ressemble parce que je ne l'ai pas vu. Plus exactement je n'en ai vu que des petits bouts. Des cercles de vingt mètres de rayon, limite de la visibilité à l'intérieur du nuage. Sans compter la pluie, beaucoup de pluie. Bien sûr, la pluie à moins d'effet direct sur la visibilité que le brouillard. Mais il y avait aussi le vent, beaucoup de vent. Et avec la pluie et le vent le visage se mouille malgré la capuche. Le visage mouillé ne réduit pas en soi la visibilité, mais il y a le problème des lunettes : quand les lunettes sont trempées, le paysage prend des allures psychédéliques sans grand rapport avec la réalité. Heureusement il ne faisait pas froid, l'eau ne se transformait pas en verglas au contact des lunettes...

En fait, j'ai surtout vu mes pieds et le chemin, excellent chemin d'ailleurs, très bien entretenu. Et les cairns aussi. Une ligne de cairns magnifiques à l'approche du sommet, un mètre de diamètre à la base, un mètre et demi de haut. Ils ont été construits en 2003, Agnès P. ne reconnaîtrait pas son Ben Nevis ! Il faut vous dire que c'est pour Agnès que nous sommes allés au Ben Nevis. A Bleau, le dimanche avant notre départ, elle nous a dit : « Vous allez dans les Highlands ? Il faut absolument que vous alliez au Ben Nevis, c'est super ! ». On ne peut rien refuser à Agnès, nous y sommes allés.

Mais je reviens à la ligne de cairns. Je suppose que les autorités du Parc National en avaient marre de perdre des touristes. Pourtant les choses sont bien organisées. Au départ du sentier il y a un panneau : « ATTENTION, DESCENDRE DU BEN NEVIS PEUT ETRE DANGEUREUX. N'oubliez pas votre boussole. Au sommet ne vous éloignez pas du cairn. Pour descendre, faites depuis le cairn sommital 150 m (environ 200 pas) dans le 238° (par rapport au nord de la grille), puis prenez au 281° jusqu'à retrouver le chemin. N'oubliez pas de tenir compte de la déclinaison magnétique. En 2010 elle vaut +2° et doit être ajoutée aux valeurs d'azimut ». Ça c'est du service public ! La raison de tout ce tintouin, c'est que le sommet est une sorte de plateau caillouteux assez vaste auquel on accède par une sorte de plan incliné également caillouteux qui va en se rétrécissant pour faire moins de cinquante mètres de large là où il débouche sur le plateau sommital entre deux « abîmes insondables ». Au sommet on est donc dans une espèce de nasse dont il faut trouver le trou de sortie pour pouvoir descendre. En plein été le chemin, nettement détectable dans les cailloux, supprime le problème. Quand il y a encore de la neige, ce qui est possible jusqu'en juin, je conçois qu'il faille être prudent.

On peut dire que le panneau en bas du chemin ne décourage pas la foule, ou alors même il l'attire. Il est vrai que Ben Nevis est le point culminant de la Grande Bretagne (on part pratiquement du niveau de la mer pour aboutir à 1344 m seulement ; mais la latitude est 57°N ce qui décale fortement les zones climatiques en altitude ; dans les Highlands la forêt s'arrête à 400 m). Dans la centaine de personnes qui nous ont dépassés ou croisés j'ai noté quelques phénomènes. Il y a eu d'abord les deux super-nanas qui nous ont dépassés en courant à la montée : petit short et petit débardeur moulants, petites chaussures de trail, petite gourde et petit K-Way à la ceinture (K-Way à la ceinture sous la pluie battante !). Pas eu le temps de leur parler, je suppose qu'elles s'entraînaient pour la course du Ben Nevis en Septembre. J'ai aussi bien apprécié les deux écossais baraqués croisés à mi-parcours en redescendant, équipés chacun d'un kilt, un tee-shirt et un appareil photo. Et la famille avec deux mômes dans les onze ans à peine mieux vêtus que les deux écossais. Et puis le groupe de gens d'apparence indienne, quelques-uns au ventre bien rebondi. Je me demande combien de tous ces gens ont atteint le sommet.

En tous cas, ça a été vraiment une journée très intéressante. Si vous allez en Écosse, il faut absolument que vous alliez au Ben Nevis, c'est super ! Merci, Agnès !

 

Claude Pastre

 

PS : Agnès nous a envoyés au Ben Nevis, Yvon nous a envoyés à la distillerie du Talisker sur l'île de Skye. C'est autre chose. Là, point de vent ni de pluie et les éventuels troubles de la vision ne sont pas dus au brouillard. C'était bien aussi. Merci Yvon !

Par : Claude PASTRE - le jeudi 23 septembre 2010 -
Commentaires (4)
Comments Ah l'Ecosse...
Le Ben Nevis est l'exception qui confirme la règle : j'ai fait de nombreuses randos et sommets dans les Higlands (les fameux "Munros" et autres "Corbett") et j'ai raremement croisé plus de 5 personnes sur la journée.
Si vous aimez les paysages sauvages, les pastels avec toutes les nuances de vert-gris-bleu , les rencontres chaleureuses, les "single malt" exceptionnels, allez donc faire un tour dans les Higlands et les iles de l'Ouest (les Hébrides) !
Par : Benoit D'HALLUIN - le jeudi 23 septembre 2010
Comments Y a plus qu'à
Oui, oui! A quand un rassemblement Gums à l'île de Skye?
Pâques 2011 pour profiter des looogues soirées boréales?
Avec camp de base dans le jardin de la distillerie, of course!

Par : François GIUDICELLI - le jeudi 23 septembre 2010
Comments ya plus ka (numero 2)
Alors, il n 'y a plus qu'à y retourner par beau temps!....... Alors que  la canicule sevissait partout en Europe....
Par : Suzanne CREUZON - le jeudi 7 octobre 2010
Comments Escalade + single malt
Signalons, pour les amateurs (pas seulement de whisky au fort goût de malt fumé à la tourbe), que les Blacks Cuillins recélent de superbe escalades, sur un rocher d'une adhérence exeptionnelle (équipement...ne pas oublier que les anglos-saxons ont été les promoteurs de l'assurage sur coinceurs).
 Par contre, Pâques me semble un peu tôt en saison, sauf pour qui voudrait s'entrainer  à l'alpinisme hivernal.....c'est bien au nord les Hébrides!
Par : Yvon LAGADEC - le lundi 11 octobre 2010